Laurent Paridael | Georges Eekhoud

Laurent était devenu un grand rougeaud aux cheveux plats, d'une santé canaille de manœuvre ; mais sous ces dehors trop matériels, sa physionomie épaisse et maussade, ce pataud cachait une complexion impressionnable à l'excès, un intense besoin de tendresse, une imagination exaltée, un tempérament passionné, un cœur altéré de justice. Son apathie extérieure, compliquée d'une insurmontable timidité et d'une élocution lente et embarrassée, entravait et contrariait des sons, d'une acuité presque morbide, des nerfs vibrants et hypéresthésiques. Sous sa torpeur couvaient de véritables laves, des fermentations de nostalgies et de désirs.

Georges Eekhoud, La Nouvelle Carthage, p. 91 | Bibliothèque électronique du Québec

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